Qu’est-ce qu’un beau geste ?
« Faire un geste », c’est donner un gage de sa bonne volonté sans s’engager outre mesure (donner une pièce à un mendiant par exemple). Or « beau » implique que ce geste suscite une certaine admiration. Alors ce serait :
1. Un geste charitable
La charité est avec la foi et l’espérance, une des 3 vertus théologales: c’est-à-dire venant de dieu et ayant dieu pour objet à travers l’humanité. C’est le principe fondateur du christianisme : l’amour du prochain. Peut-être LA vertu chrétienne comme l’indique l’histoire des moines copistes qui, las de recopier depuis des siècles les textes sacrés qui régissent leur existence, désignent un des leurs pour consulter les textes originaux et sont surpris de le voir revenir en se frappant la tête d’un vieux grimoire : « C’était charité ! Pas chasteté ».
Mais faut-il avoir la foi pour faire un beau geste ? Il suffit de reprendre la question que Socrate pose au prêtre Euthryphron : « Ce que tu fais est-il juste parce-que les dieux l’ont voulu ou les dieux peuvent-ils le vouloir parce-que c’est juste » ? Le principe du bien est dans l’autonomie de ma volonté (versus hétéronomie). Il n’exclut pas la charité mais la légitime autrement.
– Auto-nomos = Loi : critère d’universalité qui établit la valeur d’une loi versus une règle particulière. Selon Kant « Agis de telle sorte que tu puisses vouloir que la maxime de ton action devienne une loi universelle ». Ainsi l’amour du prochain est conforme à cette loi.
– Autos-nomos = Autonomie égale Liberté, c’est-à-dire « Bonne volonté » qui seule peut être considérée comme bonne et supérieure au courage ou à l’intelligence, alors que le courage ou l’intelligence sont utiles aussi pour mal faire. Contraire à l’indifférence et à l’égoïsme i.e. à l’intérêt. Et là surprise : on pourrait soupçonner la charité de marquer un certain intérêt, comme le montre le pari de Pascal puisque sa conclusion stipule que nous avons tout intérêt à être vertueux car cela peut rapporter gros (une infinité de vies bienheureuses) et coûter peu (une courte vie de plaisirs). Alors Comment nommer la vertu qui serait à l’origine d’une beau geste ?
2. La générosité
– Son motif ? Sentiment de pur respect pour un principe moral, ayant une valeur universelle, se libérant des semelles de plomb de l’égoïsme, libre de toute crainte et de toute prudence (récompense ou punition). Point d’émergence dans le scrupule (petit cailloux dans la chaussure qui empêche de marcher tranquillement).
– Son objectif ? Il est autonome, i.e. autos = l’humanité qui n’existe pas mais est à créer par notre effort. i.e. autrui = 1 personne. Pour Kant : « Agis de telle sorte que tu traites toujours autrui comme une fin et jamais simplement comme un moyen ». Et moi-même : comme idéal à poursuivre par une élévation supérieure à l’égoïsme.
La formule de la générosité ?
– Parce-que je le VEUX bien
– Parce-que tu le VAUX bien
Une vie ne vaut rien mais rien ne vaut une vie